Permettez-moi de commencer la méditation de la Passion par un texte du cardinal Wyszynski : « La plus grande faiblesse de l'apôtre est la peur. C'est le manque de foi dans la puissance du Maître qui réveille la peur ; cette dernière oppresse le cœur et serre la gorge. L'apôtre cesse alors de professer. Reste-t-il apôtre ? Les disciples, qui abandonnèrent le Maître, augmentèrent le courage des bourreaux. »
Si nous faisons aujourd’hui cette longue lecture de la Passion de Jésus, c’est pour nous placer au milieu de ce drame qui s’est passé il y a 2000 ans mais qui nous touche de plein fouet aujourd’hui encore, nous qui sommes les disciples de Jésus. Comme ses disciples, nous sommes appelés à témoigner de l’Évangile au cœur d’un monde qui le rejette de toutes les manières possibles et imaginables.
Tous les disciples doivent se positionner devant le maître qu’on emmène pour être crucifié. Et nous aussi. Le démon sait que la peur paralyse le disciple et lui fait abandonner la suite du Christ. Il est inventif pour nous faire peur de mille et une manière, s’engouffrant dans la faiblesse de chacun de nous pour nous détourner de l’appel que nous avons reçu.
« La plus grande faiblesse de l’apôtre est la peur. » Pour vaincre cette peur et ne pas abandonner le maître, il n’y a qu’une seule solution, il faut regarder vers le maître et non pas vers nous-même. Si nous regardons nos propres forces, nous nous trouverons bien incapable pour le combat qui nous attend et nous abandonnerons. Il nous faut regarder le Christ, le contempler dans sa Passion.
Lorsque nous regardons le Christ dans sa Passion, nous compatissons à ses souffrances et nous voulons l’accompagner en souffrant avec lui. Lorsque nous regardons le Christ dans sa Passion, nous découvrons la force étonnante qui se dégage de lui. Bien qu’il soit anéanti par la souffrance, nous entrevoyons sur son visage innocent et silencieux tout l’amour de celui qui se donne volontairement pour que nous soyons sauvés. Cet amour est fort comme la mort et nous pouvons mettre en lui notre espérance ; cette espérance qui chasse toute peur.
Le cardinal Wyszynski continue : « Le silence ne possède son éloquence apostolique que lorsqu'il ne détourne pas son visage devant celui qui le frappe. C'est ce que fit le Christ en se taisant. Mais par ce signe, il démontra sa propre force. Le Christ ne s'est pas laissé terroriser par les hommes. Sorti dans la foule, il dit avec courage : "C'est moi". »
C’est dans le silence que nous contemplons celui qui se donne à nous. Un silence qui ne détourne pas la tête vers les réalités du monde qui nous attirent, mais qui accepte d’accompagner le serviteur souffrant. C’est dans ce silence contemplatif que le disciple trouve la force dont il a besoin dans les persécutions qui ne lui manquent pas, afin d’être un apôtre, afin de suivre le Christ à travers sa mort et entrer avec lui dans sa résurrection.